Semaine européenne du bon usage des antibiotiques du 18 au 24 novembre 2021

L’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde d’ici à 2050. Elle remet en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes. Tous les secteurs de soins chez l’homme comme chez l’animal sont concernés. Limiter sa diffusion impose une prévention globale et concertée reposant en premier lieu sur le bon usage des antibiotiques, l’hygiène des mains et la prévention des facteurs favorisant les infections.

L’antibio-résistance est un problème de Santé publique

La résistance aux antibiotiques s’est progressivement développée et concerne aujourd’hui l’ensemble des bactéries pathogènes. Elle résulte de l’administration répétée d’antibiotiques chez l’homme ou l’animal qui crée des conditions, appelées « une pression de sélection » favorisant l’acquisition et la dissémination de souches résistantes aux antibiotiques. Aujourd’hui, les nouvelles molécules sont rares et il n’est parfois plus possible difficile, voire impossible de traiter certaines infections.

L’antibiorésistance : qu’est-ce que c’est ?

La résistance aux antibiotiques résulte soit de mutations chromosomiques (modification de gènes déjà présents), soit de l’intégration de petits brins d’ADN circulaires qui se transmettent de bactérie à bactérie (les plasmides). Les résistances chromosomiques ne concernent qu’un antibiotique ou une famille d’antibiotiques à la fois. Les résistances plasmidiques sont les plus répandues (80 % des résistances acquises) et peuvent concerner plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d’antibiotiques. On parle alors de multirésistance. Le transfert de mécanismes de résistance peut intervenir d’une souche à l’autre ou d’une espèce à l’autre. L’accumulation de mécanismes de résistance chez une même souche bactérienne, peut conduire à des impasses thérapeutiques. Les modifications génétiques font appel à plusieurs mécanismes : production d’une enzyme inhibant l’antibiotique, imperméabilisation de la membrane de la bactérie, modification de la cible de l’antibiotique…

Quelques chiffres

En France, l’antibiorésistance est la cause de 5 543 décès par an chez des patients atteints d’infections à Bactéries Résistantes et 124 806 patients développent une infection liée à une bactérie résistante, selon une étude du centre européen de prévention et contrôle des maladies. A l’échelle mondiale, les résistances microbiennes seraient responsables de 700 000 morts par an. Si rien ne change, les maladies infectieuses d’origine bactériennes pourraient redevenir en 2050 une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts.

Outre le coût en pertes humaines, le coût financier des soins pour la société s’élèverait à plus de 1,5 milliards d’euros en Europe et plus de 55 milliards de dollars aux Etats-Unis. Dans le monde entier, l’antibiorésistance pourrait coûter plus de 100 000 milliards de dollars.

Santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes sont étroitement liés pour préserver l’efficacité des antibiotiques